Que fait-on de La tourbière du Canada ?

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Coup de colère d’Alain Hindre, co-président de la commission foncière de Brest Métropole et vice-président de la Chambre d’Agriculture du Finistère au sujet des travaux entrepris par Brest Métropole sur la tourbière du Canada, située au Nord de la commune de Brest, en limite des communes de Milizac et Gouesnou.

Que fait-on de La tourbière du Canada ?
« Les disous ne sont pas les faisous »
Alain Hindre, Chambre d’Agriculture du Finistère
(Cliquer sur les photos pour les agrandir)

Tourbière du Canada à Gouesnou

L’association PREVER a décidé de publier le courrier qu’il a adressé au Président de Brest Métropole, car il nous apparait difficile d’annoncer qu’on va préserver la biodiversité sur ce site quand on commence par le détruire à grand renfort de moyens.

« Les disous ne sont pas les faisous »

« Alerté par des agriculteurs et des riverains, quels n’ont pas été mon étonnement et ma stupéfaction de constater la destruction incompréhensible d’une partie de la tourbière du Canada !
Comme le souligne le panneau « corrigé » qui vous accueille, il ne s’agit en aucun cas d’une préservation de la biodiversité, mais bien d’un massacre de ce secteur riche de sa diversité d’espèces vivantes.

Quel carnage !
Plusieurs questions nous interrogent :
Pourquoi cette restauration est-elle engagée dans ce secteur, déjà défiguré par l’ISDI (Installation de Stockage des Déchets Inertes) proche avec un apport annuel de plus de 180 000 Tonnes par an pendant 10 ans sur 7.80 ha environ !
Quel massacre !
Des arbres probablement centenaires ont été abattus, d’autres tronçonnés et sans doute vendus, des talus sauvagement poussés pour faire place à une grande clairière, lieu d’accueil probablement de rave-parties ou autres activités nocturnes !
Quelle désolation !
Ses chemins fantastiques de randonnées vont perdre cette richesse de biodiversité et cette fraîcheur.

Quelle concertation ?
A quel niveau ces programmes sont-ils discutés et partagés ? Existe-t-il une concertation avec le monde agricole ? Co-président de la cellule foncière de Brest Métropole, je suis stupéfait de constater que jamais ce type de dossier n’a été évoqué dans notre Commission.
Autant cette instance d’échanges, de concertation, force de propositions et d’actions, lien entre la profession agricole et la collectivité, est reconnue et active, autant j’imagine qu’à la Direction de l’Ecologie Urbaine, les décisions sont prises en toute impunité sans aucune concertation, information et partage de décisions. Quel est le rôle de nos élus, le lien avec les services Aménagement et Foncier, et in fine avec notre cellule foncière ? Les décisions sont- elles véritablement politiques ?
Nous nous interrogeons également sur le rôle des associations environnementales quant à ce type de projet dans l’information, la communication et l’action. Cautionnent-elles ces actes ?

Et nous paysans, les stigmatisés, les condamnés !
Le territoire agricole, fondement de l’activité des agricultrices et agriculteurs, est devenu la poubelle de la ville, le terrain de jeu de certains, l’exutoire pour d’autres.
Sans parler du gouffre budgétaire que doit représenter ces projets. Combien pour la tourbière du Canada ?
Urbanisation galopante, infrastructure routière, économique, développement des carrières, ISDI, fourrière, …
Quand la ville ne veut plus, allons à la campagne c’est plus facile !
Abattre un arbre centenaire, déplacer de quelques mètres un talus, araser et aménager un talus délaissé, nettoyer ou curer un ruisseau, c’est rapidement pour un agriculteur délation ou dénonciation, contrôle et condamnation. Y aurait-il deux poids, deux mesures ? Je n’ose pas l’imaginer tant je suis fier d’être un paysan périurbain. Mais j’en doute, quand je vois autant de désolation, et d’acharnement destructif de notre nature, sans aucune réaction, question et encore moins de sanction ! Il y a sans doute les uns et les autres !
Ce propos appelle à la concertation et l’échange, au rapprochement de la ville et de la campagne, de l’agriculture moderne et des activités urbaines. Que toutes les belles paroles entendues sous couvert d’écologie, mais parfois d’idéologie ne cachent pas des actions dévastatrices et irréversibles.
A chacun d’en prendre acte, les agriculteurs construisent et respectent la nature en ayant la conscience tranquille et toute transparence ».

Alain HINDRE
Co-Président de la commission foncière de Brest Métropole