RESTAURER LE BOCAGE BRETON : le SEBL au cœur du projet du Bas-Léon...

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RESTAURER LE BOCAGE BRETON :

le SEBL au cœur du projet du Bas-Léon

Depuis 2014, le Syndicat des Eaux du Bas-Léon coordonne la mise en œuvre du programme d’action du SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux) du Bas-Léon. Ainsi, au sein de ce dernier, 4 programmes Breizh Bocage destinés à restaurer le maillage bocager ont été initiés. Le Syndicat porte depuis 2016 spécifiquement celui du bassin versant de l’Aber Wrac’h.

Yann Gouez et Prosper Quellec au SEBL

Parole d’élu

Prosper Quellec, vous êtes vice-président du Syndicat des Eaux du Bas-Léon (SEBL) en charge de la Gestion des Espaces Terrestres. Quel est le rôle du syndicat en matière de restauration du maillage bocager dans notre région ?

Actuellement, il existe 4 programmes Breizh Bocage sur le territoire du Bas-Léon qui sont portés par le Pays des Abers, le Pays d’Iroise Communauté, la Communauté Lesneven Côte des Légendes et le Syndicat des Eaux du Bas-Léon. Ce dernier est chargé d’informer, de conseiller et d’accompagner les agriculteurs, les collectivités et les particuliers en limite directe de parcelles agricoles, désireux d’améliorer le maillage bocager sur le bassin versant de l’Aber Wrac’h (de Landéda à Trémaouezan).

Les programmes Breizh Bocage se déroulent sur cinq ans et sont financés par des fonds en provenance de l’Europe (Fonds FEADER), de la région, du département et de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne. Ils permettent de financer 80% des travaux d’implantation des haies et des talus puis l’entretien les trois premières années. Le Syndicat des Eaux ou les Communautés de Communes apportent les 20% restant. Sur le bassin versant de l’Aber Wrac’h, c’est environ 120 000 € TTC par an qui sont consacrés à ces projets. Ce budget permet de réaliser plus d’une dizaine de kilomètres de travaux chaque année.

C’est un programme incitatif, mené sur la base du volontariat qui reçoit un bon accueil et que nous envient de nombreuses régions de France. Probablement qu’une suite sera donnée à l’issue de ce programme par de nouveaux fonds. Son efficacité se mesure en termes d’accroissement de la biodiversité avec des résultats visibles. Il contribue aussi à la restauration de la qualité des eaux. Toutefois, ce dernier objectif ne dépend pas des seuls programmes bocagers.

Le programme Breizh Bocage reçoit également un bon accueil auprès des élus locaux. En effet le maintien et la restauration de la biodiversité est un objectif qui doit aujourd’hui être pris en compte dans l’élaboration d’un PLU (Plan Local d’Urbanisme). Les collectivités peuvent également bénéficier de ce programme (par exemple dans les périmètres de captages, les entrées de bourgs …) à condition que l’opération se déroule en bordure d’une parcelle agricole.

Nos efforts doivent aussi porter sur les jeunes, futurs acteurs de l’environnement. Voilà pourquoi le Syndicat des Eaux du Bas-Léon a élaboré un cahier pédagogique à destination des formations agricoles et un second livret, plus ludique, pour les écoles primaires et secondaires du territoire. Parallèlement, le syndicat propose aux communes une exposition photo itinérante sur les paysages bocagers de l’Aber-Wrac’h. Enfin des visites sur le terrain et des formations sont régulièrement organisées à destination des futurs professionnels de l’agriculture.

Restaurer le maillage : la concertation à la base du projet

Yann Gouez, vous êtes technicien bocage pour le bassin versant de l’Aber Wrac’h. En quoi consiste votre travail ?

Le programme Breizh Bocage se base sur le volontariat. Premièrement, mon travail consiste à informer et sensibiliser le plus largement possible. Ainsi, ce sont les agriculteurs, collectivités ou particuliers potentiellement éligibles au programme qui nous contactent. Le programme fonctionne grâce à ces personnes motivées. De plus, nous concevons chaque projet bocager et suivons les travaux. Sur le bassin versant de l’Aber Wrac’h, le montage du dossier de financement et l’état des lieux ont été effectuée en 2016. Et au cours de l’hiver 2017/2018 treize agriculteurs et deux particuliers ont réalisé plus de 12 km de travaux dont 3,5 km de talutage et 10,4 km de plantations. Ceci représente plus de 7 370 arbres et arbustes, et 23 espèces différentes, adaptées aux évolutions climatiques et aux contextes locaux.
Pour l’hiver 2018/2019, quinze agriculteurs se sont engagés dans le programme auxquels s’ajoutent une association, deux collectivités et trois particuliers. Une belle dynamique est lancée.

Vingt-trois espèces différentes ! Mais lesquelles choisir ?

Je conseille d’implanter quatre à six espèces différentes. En accentuant la diversité, on gomme l’effet répétitif des séquences de plants. D’autre part la diversité végétale favorise la biodiversité : en implantant trois espèces différentes elle est déjà multipliée par dix !

Quant au choix des espèces, il est déterminé par les conditions de la parcelle et l’objectif principal de la haie. Par exemple est-on en zone littorale soumise au vent et aux embruns ou en zone intérieure humide ? Cherche-t-on essentiellement l’effet brise-vent, une meilleure intégration des bâtiments dans le paysage ou veut-on en plus du bois de chauffage ? C’est l’étude sur le terrain en concertation avec l’agriculteur qui va déterminer le schéma d’implantation.

Et pour l’entretien de la haie ?

L’entretien au cours des trois premières années est entièrement pris en charge par le programme Breizh Bocage. Il se limite à retirer la végétation d’herbacées et à une taille de formation.

A terme, différentes techniques d’entretien sont possibles. Le lamier parait être la solution la plus rapide : certes la haie garde son aspect originel mais elle ne produit pas de bois valorisable et elle oblige à de fréquents passages (tous les deux ans, voire tous les ans).

En matière d’efficacité, mieux vaut opter pour un cycle d’entretien durable plus long, tous les sept ans par exemple. On peut dans ce cas utiliser un lamier à scies, une barre sécateur ou une tronçonneuse pour réaliser un émondage et un recépage. Dans ce cas, on peut valoriser les bois de coupe et au final cela revient moins cher.
De plus, des aides existent pour l’entretien durable des haies. Dans le cadre des MAEC (Mesures Agro-Environnementales et Climatiques) 0,70 € par mètre linéaire et par an sont accordés pour l’entretien des haies matures. Cela permet de faire appel à un élagueur professionnel tous les cinq ans qui interviendra pied par pied.
Il est conseillé de ne pas intervenir avant le 31 juillet, à la fin de la nidification.

Reste encore à convaincre ceux qui objectent que tout cela c’est beaucoup de temps ...

En tant qu’animateur du programme mon rôle est aussi de sensibiliser aux techniques d’entretien autre que le « tout lamier ». Une « gestion différenciée » du bocage est envisageable. D’ailleurs d’autres territoires bretons (Pays de Morlaix, Bassin Versant du Léguer …) sont impliqués dans une démarche similaire depuis plusieurs dizaines d’années avec des résultats intéressants. C’est dans ce but que nous avons mis en place des linéaires tests sur lesquels nous organiserons des visites et des formations sur l’entretien pour le public concerné. La gestion des bords de route est également en cours de réflexion.

Vous êtes intéressé par les programmes Breizh Bocage, mettez-vous en relation avec :

Yann Gouez

Technicien bocage
Syndicat des Eaux du Bas-Léon
2, route de Pen ar Guear
29260 Kernilis
02 98 30 83 00
Email : bocage.basleon@orange.fr

Cet article est le deuxième de notre série consacrée à la restauration de la biodiversité.