RESTAURER LE BOCAGE BRETON : Des agriculteurs témoignent ...

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RESTAURER LE BOCAGE BRETON :
Des agriculteurs témoignent ...

Brise vent : des gains de rendement

L’un des agriculteurs que nous avons rencontrés désire garder l’anonymat. Par commodité nous l’appellerons Gaël ; il élève 400 truies et la suite sur 110 ha , dont 70 à Plouguerneau. Situées non loin du Grouanec ce sont des terres froides et humides. On distingue même encore dans certaines parcelles la trace d’extraction de tourbe autrefois utilisée comme combustible. A cela s’ajoute le vent qui balaye fréquemment le plateau.

Le second, Louis Yvon Abjean de Plouguerneau, élève 45 vaches laitières et cultive des céréales sur 57 hectares près du bourg. L’exploitation est traversée par une petite vallée ou coulent de petits cours d’eau. Ici aussi les terres sont bien ventées.

Tous les deux ont profité de l’opération Breizh Bocage portée par le Syndicat des Eaux du Bas-Léon sur le bassin versant de l’Aber Wrac’h de cet hiver. Mais ils avaient au préalable entrepris de planter des haies. Ainsi en 2011 Gaël réalise ses premières plantations pour mieux intégrer les bâtiments dans le paysage et ainsi contribuer à valoriser l’image de l’agriculture dans la société.

Louis Yvon réalise en 2016 près d’un kilomètre de plantations accompagné de la création de talus destinés à protéger les cours d’eau du ruissellement. Montant de l’investissement : 5000 €. Le département devrait lui verser sans tarder une subvention de 2500 €.
A cela s’ajoutent les 650 mètres plantés l’hiver 2017-2018 dans le cadre de l’opération Breizh Bocage. 750 autres mètres seront plantés l’hiver prochain. Une opération qui ravit les élus locaux puisque la parcelle se situe à l’entrée du bourg que la haie va contribuer à « verdir ».
"On commence déjà à voir les résultats," nous confie l’agriculteur : « le gibier revient : lapins, lièvres, renards et aussi chevreuils ... ».

Ainsi les protections qui entourent les jeunes plants sont indispensables pour éviter que ces derniers ne dévorent les jeunes pousses des haies.

Les deux éleveurs s’accordent à dire que leur motivation est avant tout économique. Gaël souligne qu’une haie protège une culture sur une longueur de 15 fois sa hauteur.
« C’est vrai qu’on perd dans les premiers mètres, mais on gagne en rendement sur l’ensemble de la parcelle ... Et on évitera la verse du maïs en cas de coup de vent. »

Et puis Breizh Bocage c’est tellement pratique. « Nous avons bénéficié des conseils de Yann Gouez du SEBL ; la totalité des travaux de plantation, et d’entretien pendant trois ans sont pris en charge … Quant on sait qu’il faut compter 7 € pour un plant et sa protection, qu’on en met un par mètre et qu’il faut prévoir 50 centimes par plant pour l’entretien ... Et nous n’avons aucune paperasse à faire ! » Bref, il n’y a pas à hésiter !

Louis Yvon Abjean a également décidé de planter – à ses frais bien entendu - des fruitiers au bord du chemin qui mène aux bâtiments d’élevage. Mais c’est un passionné qui vient de planter une vigne près de sa maison. De quoi occuper une retraite qui viendra bientôt.

La haie, abri des auxiliaires

Changement de décor route de Kerouant à Ploudaniel où exercent Rudy David et Françoise Hernot son associée qui pratiquent le maraîchage bio sur un peu plus de 7 hectares. Ils cultivent une soixantaine de légumes en plein-champ et sous tunnels. Toute la production est écoulée sur les deux marchés hebdomadaires de Landerneau et de Landivisiau ainsi qu’à la bio coop de Landerneau et de Brest. « C’est de l’ultra frais puisque nous n’avons pas de frigo et les seuls légumes que nous vendons sont ceux que nous produisons.  » souligne Rudy.

Rudy et Françoise ont saisi l’opportunité que leur offrait l’opération Breizh Bocage au cours de l’hiver 2017-2018. Une haie de cyprès de 190 mètres, très dégradée, bordait l’une des parcelles et menaçait de tomber sur la route lors des coups de vent. Les arbres ont été abattus et broyés par l’entreprise Valoribois. Un talus a été créé et implanté. De plus, sur les conseils de Yann Gouez le broyat a été utilisé pour constituer un paillage naturel autour des jeunes plants. Au total, ce sont 800 m de haie et 200 m de talus qui ont été a implantés. Ici aussi les espèces ont été choisies sur les conseils de Yann.

Une particularité que Rudy partage avec les deux agriculteurs rencontrés à Plouguerneau : lui non plus n’a pas attendu le programme de Breizh Bocage pour planter des haies et construire des talus. La parcelle où sont bâties les serres est entourée d’une haie fournie que Rudy a implanté il y plus de 10 ans et il a tenu à y placer des nichoirs à mésanges tous les 20 mètres.

« Nous sommes ici au point culminant de la commune et les haies protègent bien les tunnels des coups de vent, même si ça ne suffit pas toujours … Et les oiseaux sont une aide précieuse pour combattre les pucerons et autres ravageurs. » On estime en effet qu’un couple de mésanges charbonnières peut détruire en trois semaines 7 000 à 8 000 insectes, des œufs et des larves de coléoptères, de chenilles, de mouches, de punaises, de pucerons, pour nourrir ses petits. Et les oiseaux ne sont pas les seuls auxiliaires qu’abrite une haie variée.

L’équilibre de l’éco-systéme, la lutte contre l’érosion éolienne, la protection des cultures contre les effets du vent sont autant de bénéfices que les deux associés tirent des haies les plus anciennes implantées à leurs frais.

Et ils reconnaissent que l’opération Breizh Bocage de cet hiver constitue une belle opportunité : conseils d’implantation, prise en charge financière de la construction de talus, des plantations, suivi, taille manuelle de formation des plants, entretien du haut des talus, etc.

« Nous espérons que Breizh Bocage sera reconduit après ce premier programme et que l’exemple des premiers volontaires fera boule de neige... D’ailleurs j’en connais qui pourraient être candidats ... » souligne Françoise.

Vous êtes intéressé par le programme Breizh Bocage, mettez-vous en relation avec :

Yann Gouez

conseiller bocage
Syndicat des Eaux du Bas-Léon
2, route de Pen ar Guear
29260 Kernilis
02 98 30 83 00
Email : bocage.basleon@orange.fr

Cet article est le troisième de notre série consacrée à la restauration du bocage et de la biodiversité.