De la forge Emily à la holding PRE VISION : entreprendre au pays

, par  Prever , popularité : 3%

Michel Emily est un homme passionné de machinisme dès son plus jeune âge avec une obsession tout au long de sa carrière : concevoir des équipements permettant d’apporter du gain de temps et de pénibilité aux agricultrices et aux agriculteurs.
A 10 ans il savait déjà souder. Sorti de l’école à 15 ans, 5 ans plus tard il concevait déjà sa première machine : un godet désileur.

 De part ses origines rurales Michel Emily a vite compris qu’il existait un créneau pour accompagner la modernisation de l’agriculture : concevoir des machines à prix abordables pour rendre moins pénible et plus efficace le travail des agriculteurs et agricultrices . 

A l’aube de la modernisation, il fallait effectuer des démonstrations dans les exploitations : en règle générale l’agricultrice était souvent réticente à la descente du matériel du camion . Quelques deux heures plus tard, c’est elle qui demandait le délai de livraison pour recevoir un tel équipement, convaincue en express du soulagement physique apporté.

Michel Emily et ses filles auxquelles il a transmis les rênes de l’entreprise

Depuis la création de la SOCIETE EMILY à Pencran en 1974 (transférée à Tréflévénez en 1991 spécialisée dans la fabrication de chargeurs frontaux, le groupe n’a cessé de se développer par la création de nouvelles activités regroupées au sein d’une holding.
En 2023 la holding PRE VISION basée à Tréflévénez regroupe ces diverses entités avec des activités bien séparées (agriculture,industrie, T.P.). Elle est forte de 650 salariés et affiche un chiffre d’affaires de 150 millions d’euros.
Pour découvrir l’évolution de la holding et l’implantation desactivités cliquez sur la vignette ci-dessous

Un principe durant tout ce parcours fulgurant : élaborer des produits simples, fiables, d’entretien facile tout en ayant constamment un temps d’avance en Recherche et Développement et en étant toujours prêt à investir.
Comment ? En étant constamment à l’écoute des besoins des clients agriculteurs ainsi que des différents corps de métiers (T.P. , marine nationale,
PME ...) en leur apportant des solutions à des problèmes non satisfaits ailleurs.

L’emploi, poumon du territoire rural

Mais pourquoi s’être implanté à Tréflévénez et à Sizun alors que ces 2 communes rurales sont à la fois éloignées des deux grandes voies de communication -nord-sud et ouest-est - du département et aractérisées par une faible densité de population ?

La réponse de Michel Emily ne tarde pas. « L’une de mes devises et mon souhait : FAIRE VIVRE LE PAYS ».

En 1991 Michel Emily remarque que 30 jeunes du secteur de Tréflévénez prennent quotidiennement le car scolaire pour se rendre à Landerneau. Il y avait donc bien là un vivier de main d’oeuvre désireuse de travailler au pays, les pieds bien enfoncés dans le terroir local.

Ses objectifs :
• garder des jeunes sur notre territoire même sans qualification particulière pour certains ou encore en rapatrier d’autres partis travailler hors Bretagne en y ayant acquis diverses compétences professionnelles. Pour cela par tous les moyens donner envie à ces hommes et femmes passionnés et talentueux de revenir dans leur Finistère natal en regagnant l’une de nos sociétés.
• développer la petite entreprise de mécanique agricole mise sur les rails par son père à Pencran dès les années d’après guerre.

La synergie entrepreneur-élus

L’implantation à Sizun a été stimulée par l’octroi d’aides pour du crédit bail accordées au développement de la Bretagne centrale.
En début des années 90 en effet la commune de Sizun avec une densité démographique inférieure à trente trois habitants/km² était éligible au fond européen et national de ‘Zone de Revitalisation Rurale’.
A cette époque l’entreprise Arremad venait de s’installer à Sizun

Dès 1992-1993 des premiers contacts sont établis entre Michel Emily et Jean Pierre Breton maire de Sizun qui déboucheront par la création de Magsi en 1997.

L’accompagnement par la commune de Sizun pour l’implantation de Magsi, Oxymax puis Tubomax s’est concrétisé par :
 le montage de dossiers de financement, la viabilisation de la zone par la commune ;
 la localisation d’atelier relais pour faciliter le démarrage de la première entreprise ;
 mais aussi par la création de logements locatifs permettant l’accueil de salariés pour aménager leur premier nid.

En fondant Magsi l’idée était d’élargir le champ de clientèle à tous les constructeurs de machinisme agricole et industriel pour différents types d’accessoires.

Une particularité : les salariés de chez Magsi, Oxymax et Tubomax étaient au départ issus de la région des monts d’Arrée (Landivisiau, Le Faou, Poullaouen) alors que ceux basés à Tréflévenez et Pencran viennent majoritairement de la Communauté de communes de Landerneau-Daoulas voire de Brest.
Régulièrement ces différentes structures embauchent du personnel avec un minimum de formation. Pour ce faire M. Emily a créé dès 2008 son propre centre de formation de soudeurs à Tréflévénez dans les anciens locaux des Ets Le Bras.
Aujourd’hui Sizun dispose également d’une unité d’apprentissage ‘’Magsi Académie’’ pour former des manutentionnaires, des soudeurs …

"De temps à autre nous communiquons également par le biais de prospectus distribués sur les communes environnantes.
Nous regrettons cependant que le partenariat avec divers établissements d’enseignement ne soit pas plus aisé. 
Notre axiome pour conserver nos salariés : améliorer constamment les équipements et les conditions de travail de nos collaborateurs tout en étant attentifs aux niveaux de salaire.
Nous sommes également en réflexion avec l’EPCI de Landerneau Daoulas pour la mise en place d’un moyen de transport en commun étalé sur le territoire de la communauté de communes."

Ce service pourrait ainsi desservir les 3 entreprises (Remorques Rolland, Transport Pelé et Emily ) implantées sur la zone des Landes de Tréflévénez qui totalisent près de 400 salariés.

Le point de vue de Prever

Au travers cet interview nous devinons la passion qu’a eu ce chef d’entreprise visionnaire tout au long de sa carrière pour la vie de l’entreprise.

Cette ouverture d’esprit se différencie par son engouement de faire vivre au pays les actifs de cette région allant du plateau de Ploudiry au nord ouest des monts d’Arrée.

Grâce à cette synergie entrepreneur-élus, ces différentes localisations d’implantations d’entreprises expliquent pour beaucoup le dynamisme du tissu socio-économique local, à l’exemple d’une commune rurale de 2200 habitants telle que Sizun.

Ainsi confortée par la volonté d’élus locaux, cette énergie de pionniers ne demande qu’à s’épanouir pour le bien être de toute la population locale. Ce type d’entreprise familiale participe ainsi activement à la création du lien social tout en dynamisant le territoire.

Fort des acquis industriels développés dans la conception des machines destinées aux agriculteurs, le groupe Prévision a diversifié ses savoir faire et ses débouchés au point de livrer du matériel pour l’aéronautique , la construction navale … Preuve s’il en est que le progrès agricole ne se limite pas qu’à son domaine , mais irradie tout son environnement économique .

Il nous paraît évident aussi que sans le choix de tels patrons bon nombre de métiers de ce type n’existeraient plus aujourd’hui à la pointe bretonne.
A l’issue de près de cinquante années d’intense activité, Michel Emily a confié les rênes du groupe à ses deux filles, Anne Claire et Bénédicte depuis 2015.