Choucas : sinistres et désagréments 

, par  Prever , popularité : 100%

Durant l’année 2020 Prever a diffusé trois articles sur son site sur la problématique des choucas en agriculture dans le Finistère. www.preverasso.fr LIMITER LES DEGATS DES CORVIDES.

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Au travers du papier ci-dessous Prever souhaite cette fois effectuer un focus sur les désagréments et dangers pouvant être occasionnés par ces corvidés dans nos bourgs et nos villes .

Presque inconnu il y a quelques années le choucas des tours s’est fait un nom et une réputation récente en Bretagne au point d’être comparé à des espèces invasives comme le ragondin. Leur prolifération pose problème aujourd’hui non seulement par les dégâts importants causés en agriculture mais également par les nuisances occasionnées par leurs dortoirs dans nos bourgs ainsi que par l’implantation de leurs nids dans les cheminées des habitations.
Leur population ne cesse de s’accroître d’une manière exponentielle. En 2020 elle est estimée entre 300 000 et 500 000 individus dans le Finistère. Selon J.Pierre Roullaud de Bretagne vivante alors que le taux de réussite par couvée n’était que de 1,4 oiseau par portée aujourd’hui il atteint allégrement 4,1 !

François Chiron (enseignant chercheur à l’université de Paris Saclay) mentionne dans VigieNature du 10 mai 2020 « qu’en regardant les statistiques de l’observatoire Oiseaux des jardins, on découvre en effet que les deux départements qui mentionnent le plus de choucas sont la Vendée et le Finistère ».

Autre caractéristique : leur lieu de nidification.

Selon le recensement effectué au printemps 2010 par Bretagne Vivante s’ils effectuaient leurs nids quasi-exclusivement dans les cheminées à cette époque, actuellement on peut apercevoir d’importants dortoirs dans les bosquets de grands arbres ou pinèdes en particulier à proximité des agglomérations.

Sinistres occasionnés par les choucas

A titre d’exemples, ci-dessous quelques sinistres ou problèmes divers relevés les années passées sur notre territoire consécutif à une cheminée bouchée par les choucas :

  • le 19 janvier 2011 une famille de Poullaouen a été intoxiquée par le monoxyde de carbone et a du être hospitalisée ;
  • le 25 juin 2019 : à Châteauneuf du Faou une personne a été gravement intoxiquée au monoxyde de carbone à cause d’un nid de choucas qui bouchait une grille ;
  • le 2 mai 2020 à la Roche Jaudy un incendie s’est déclaré dans le conduit du poêle à granules d’une maison suite à des brindilles apportées par des choucas ;
  • le 4 mai 2020 à Maël Carhaix : un feu de cheminée dans une maison. A l’origine : un nid de choucas dans la cheminée ;
  • le 20 novembre 2020 : un début d’incendie au restaurant La Crémaillère à Spézet ;
  • en 2018 à Pencran une personne se plaignant régulièrement de maux de tête le matin lors de ses passages dans sa cave fait appel à son couvreur. La cause de ses céphalées : le refoulement de monoxyde de carbone par la chaudière qui se mettait en sécurité du fait du conduit de cheminée obstrué par un nid de choucas ;
  • Mickael Quéré chef de la brigade de la caserne de sapeurs-pompiers de Plabennec observe depuis 5-8 ans une nette progression de leurs interventions pour des feux de cheminées en lien avec des nids confectionnés dans des cheminées de maisons situées à proximité des dortoirs de choucas.

Dans le Finistère, entre septembre 2018 et juin 2019, 123 personnes ont été concernées par une intoxication au monoxyde de carbone dont 16 ont du transiter par le caisson hyperbare du CHU de Brest. Au vu des sources d’intoxication selon le fromage ci-dessous (Mémoire de DIU de médecine hyperbare Dr G. Benjamin Période 2012-2016 77 patients).

Il serait intéressant de dénombrer les causes précises de ces accidents : combien ont pour origine précisément des dysfonctionnements de conduits en relation avec la présence des choucas ?

Des nids à risques

Tous les ans les ramoneurs, cheministes et couvreurs découvrent de nombreux nids dans les cheminées ; pour preuve quelques extraits de témoignages que nous avons recueillis :

  • Loïc Ropars de Plabennec, ex-artisan couvreur, a conçu une protection anti-volatiles pour les conduits de cheminées (Stop’Nid ®) résistante aux fumées acides avec ses tiges en inox, équipement permettant d’éviter les risques d’incendie et d’intoxication au monoxyde de carbone. M. Ropars relève de temps à autre dans sa clientèle des chaudières gaz ou fuel qui se mettent en sécurité suite à l’obstruction du conduit d’évacuation avec le danger d’émission de monoxyde de carbone. A chaque printemps M. Ropars a d’ailleurs remarqué une plus grande fréquence de ces feux dans les conduits, ceci probablement en lien avec la nidification des choucas.
  • Un artisan couvreur- ramoneur du secteur de Lesneven déclare que sur une cinquantaine de ramonages effectués chaque année il est assuré de devoir détruire de 15 à 20 nids de choucas logés dans les cheminées.
  • Florian Le Goff ramoneur à Milizac a comptabilisé en 2020 plus d’une vingtaine d’interventions consécutives à des cheminées obturées par des nids de choucas.

Autre type de dommages provoqués par ces corvidés : leur penchant pour s’amuser avec les joints de fenêtres. Pour preuve cette vidéo tournée à Plouvien. Ou encore cette habitante de Dirinon qui a récemment du protéger le mastic de ses fenêtres du sous-sol suite aux attaques incessantes des choucas !
Ou encore cet épisode relaté le 13 novembre dernier par la presse : à l’hôpital René Fortin de Bohars ce sont les caoutchoucs des essuie glaces des voitures stationnées sur le parking ou encore les joints des portières qui étaient régulièrement altérés !
Dans certains quartiers d’un grand nombre de nos agglomérations enfin ( Lesneven, Ploudalmézeau, Bohars , Landerneau, Plabennec, Plouvien, Plouguin …) les résidents en ont assez de leurs désagréments sonores en longueur de journée voire des salissures sur les carrosseries de voitures stationnées à proximité de nichoirs situés en agglomération.

Point de vue de PREVER

Au fil des différents contacts établis par Prever sur ce sujet il nous semble dommage qu’il n’y ait pas de données disponibles sur les différentes causes de feux de cheminées ou intoxications au monoxyde de carbone en lien avec des cheminées bouchées. En effet la prolifération de ces corvidés risque de présenter de plus en plus de risques à l’avenir en matière de sécurité des Finistériens habitant en maisons individuelles non récentes.

Prever doute également de l’efficacité des mesures incitatives testées prochainement en Bretagne, censées réduire la population des choucas telle que ‘’la limitation des accès aux substrats de nidification préférentiels (ex. bouchage de cheminées)’’ mentionnée le 14/11/2020 à Quimperlé dans le ‘’Bilan résumé de la mise en œuvre de l’étude scientifique menée par la DREAL, l’Université de Rennes et le BREA’’ .

Prever craint avant tout qu’un co-financement de ce type de protection associant l’Etat, les collectivités locales et les propriétaires puisse être généralisé sur tous les territoires impactés, ceci pour une raison de coût prohibitif pour la collectivité. En effet à raison d’un montant de 250 € environ l’équipement de protection posé sur une cheminée, le coût global à la charge de la société s’élèverait en moyenne par commune à un montant supérieur à 160 000 € * si la totalité des propriétaires optaient pour la démarche avec 2/3 du coût pour l’Etat et la commune et 1/3 de reste à charge pour le propriétaire. Or il est évident cependant que seule une certaine fraction des propriétaires serait disposée à s’équiper d’une telle protection alors que le succès d’une telle opération est liée à l’adhésion de la quasi-totalité des habitants en résidences individuelles.

Autre question sans réponse pertinente pour le moment : la surpopulation de choucas ne nuit-elle pas à d’autres passereaux de petite taille favorables à la biodiversité ? Les choucas chassent les autres espèces cavernicoles de leur site pour s’y installer ou encore prélèvent des oisillons de martinets noirs et d’hirondelles pour nourrir leur progéniture.

Au printemps 2020 à l’issue de la ‘’saison de comptage Birbad’’ VigieNature pose ainsi la question dans son article du 10 mai 2020 : ‘’ le chouca entre-t-il en compétition avec les petits passereaux comme les mésanges ? ‘’

Au vu de ces différentes questions n’est-il pas temps de s’interroger sur le maintien ou non du chouca en espèce protégée ou au minimum revoir urgemment l’augmentation des autorisations départementales de prélèvement par le préfet.

* Hypothèse retenue : 975 habitations/commune soit la moyenne par commune Finistérienne du nombre de maisons individuelles construites avant 1982
360 000 logements dans le Finistère sont antérieurs à 1982 dont les ¾ sont des maisons individuelles soit 975 maisons individuelles/commune , le Finistère totalisant 277 agglomérations sur son territoire (Chiffres ADEUPA).