La qualité de l’eau de la rade de Brest

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Le point sur la qualité de l’eau de la rade de Brest

L’association PREVER a déjà traité sur son site en mars 2014 puis en février 2016 le thème du traitement des eaux usées et des pollutions provenant du réseau d’assainissement de Brest Métropole Océane. Afin d’en savoir plus sur les diverses causes de pollution, les moyens de contrôle mis en œuvre, nous avons rencontré Mr Francis Grosjean Vice-Président de Brest Métropole, chargé de l’eau et de l’assainissement et Mr Philippe Masquelier, responsable du service rade, ressources et usages de l’eau à Brest métropole. Nous en avons profité pour dresser un état des lieux de la qualité des eaux de baignade des plages de la rade de Brest.

Origine des pollutions bactériologiques de la rade de Brest
1- par la population humaine
  En assainissement individuel : Systèmes inexistants ou polluants.
  En assainissement collectif : défauts de branchement des particuliers, bouchages de réseaux avec débordement dans les réseaux (20 incidents en 2016), obturation des dégrilleurs, capacité exceptionnellement insuffisante des postes de relevage lors de gros orages, perméabilité de certains réseaux aux eaux parasites. A mentionner la cause la plus fréquente d’engorgement des canalisations : la présence de lingettes et autres déchets.
2- par les animaux sauvages et domestiques : chiens sur les plages, oiseaux de mer et de campagne
3- par les animaux d’élevage (bovins, volailles, porcs…) des exploitations situées sur les bassins versants

Contrôles et entretien des réseaux
Ce travail est réalisé par le concessionnaire « Eau du Ponant ».
En 2016, près de 2000 contrôles du réseau d’assainissement collectif ont été effectués avec un taux de conformité de 65 %. Pour les 35 % de non-conformité, il faut distinguer les branchements défectueux mais sans incidence majeure de ceux nécessitant des travaux à réaliser, soit 200 à 300 installations polluantes. A noter qu’il peut arriver qu’une seule mauvaise installation chez un particulier puisse contaminer un cours d’eau.
Pour 2016, près de 4 km de réseau d’assainissement ont été effectués pour un montant d’un million d’euros plus 3 km d’extension. Idéalement il faudrait pouvoir renouveler 1 % de la totalité de la longueur des réseaux mais en réalité nous n’atteignons que 0,75 % à Brest métropole.

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Légende : caméra de surveillance de réseau

Quant au réseau d’eau potable il a été revu sur 10 km soit un montant dépassant les 2 millions d’euros.
Quelles sont les conséquences pour un abonné disposant d’une installation non conforme et polluante notoire ?
Une investigation est tout d’abord menée suivie d’une mise en demeure d’effectuer les travaux. Mais jusqu’à présent, le montant des pénalités n’est pas suffisamment dissuasif car défini réglementairement. Le montant de la redevance est multiplié par 2 pour les abonnés défaillants. Pour leurs travaux de mise aux normes, existe une possibilité toutefois de bénéficier selon l’implantation géographique de subvention pour une fraction des travaux à réaliser.

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Légende A : Cartographie du réseau primaire d’assainissement de Brest métropole

Quelques données chiffrées des réseaux pour Brest métropole  :
1300 Km de longueur de réseau d’eau potable + 450 km de raccordements
61 000 branchements en eau potable
1700 km de longueur de réseau d’assainissement
50 000 branchements pour les eaux usées
Longévité moyenne des réseaux : environ 70 ans
60 postes de relevage

Etat des lieux de la qualité des eaux de baignade des plages de la rade
L’ARS (Agence Régionale de Santé) classe les zones de baignade selon les exigences de qualité définies par l’U.E. (Union Européenne) en 4 catégories : Excellent, Bon, Suffisant, Insuffisant.
Cette réglementation a sensiblement évolué depuis 2006. Ainsi désormais il y a fermeture systématique de plage dès que la contamination est supérieure à 1000 Escherichia coli* pour 100 ml. L’appréciation aux normes européennes est d’autant plus sévère qu’elle ne tient pas seulement compte des résultats les plus récents, mais des analyses bactériologiques des quatre dernières années. En clair, cela signifie que la qualité de l’eau pour l’année 2016 repose en réalité sur les résultats obtenus sur les 4 années glissantes de 2013 à 2016 inclus. Une plage sera qualifiée de sensible si 10 % des prélèvements effectués par l’ARS sur ces 4 années sont supérieurs à 500 Escherichia coli/100 ml.
Le classement des 12 plages de la rade est le suivant : http://baignades.sante.gouv.fr
  Excellent : Larmor, Porsmeur, l’Auberlac’h et Porsgwenn à Plougastel-Daoulas
  Bon : Le Minou, le Dellec, Ste Anne, le Moulin blanc Costour, le Passage et Pen an Traon (qui restent tout de même sensibles)
  Suffisant : Moulin Blanc 1er poteau
  Insuffisant : la Cantine face au Longchamp, où Brest Métropole s’efforce d’améliorer la situation du réseau d’eaux pluviales qui s’y déversent depuis 3 ans sachant qu’il s’agit d’une plage ouverte avec de faibles courants

Une gestion quotidienne assurée par BMO
De plus, parallèlement aux prises d’échantillons effectués par l’ARS, Brest Métropole Océane assure, depuis 2005, une gestion quotidienne des 8 plages sensibles du 15 juin au 15 septembre en y effectuant un prélèvement journalier. Ce suivi au jour le jour, prenant en compte différents paramètres (coefficient de marée, seuil de pluviométrie, résultats de l’assainissement collectif …) va déterminer l’autorisation ou non de la possibilité de baignades suite à la prise d’arrêté municipal.
Ce contrôle a une conséquence financière forte pour la collectivité car ces différentes analyses nécessitant une réponse sous quelques heures, ne peuvent s’effectuer que par recherche d’ARN sur les bactéries présentes.

Quelle évolution de la réglementation ?
Au niveau des rejets d’assainissement collectif la législation se durcit (cf arrêté ministériel du 21 juillet 2015) en particulier pour les rejets issus d’un réseau unitaire (= réseau commun aux eaux pluviales et eaux d’assainissement) qui devraient devenir exceptionnels à terme.
Ce principe d’évacuation qui n’est pas une spécificité brestoise manifeste naturellement ses limites lors des épisodes de fortes précipitations du fait de l’incapacité de traitement de volumes importants et brutaux par les différentes stations de relevage. Dans ce cas, il n’y a pas d’autre solution que de délester partiellement ces cubages. A noter que pour BMO, la totalité du centre historique de Brest est en réseau unitaire et les zones de la rade concernées par ces rejets de réseau unitaire se situent principalement au niveau des ports et de la Penfeld estuarienne.
Pour faire face à ces nouvelles normes BMO essaie d’anticiper par :
  la définition de réserves foncières dans le PLU afin de confectionner des bassins-tampons permettant d’absorber de fortes précipitations Ex. réservoir de Kertatupage en cours de réalisation actuellement
  des expérimentations de ‘’ déconnection’’ des eaux pluviales des eaux du réseau unitaire tel que dans le quartier de l’Ecole Navale
  la gestion des eaux pluviales par gestion à la parcelle, sans rejet, pour les différentes constructions immobilières neuves
  une démarche de sécurisation de l’ensemble des stations de relevage en cas d’accidents (coupure d’électricité, pannes diverses…) par la création de bâches de stockage d’une capacité de 2H00 et la mise en place de 2 pompes/site. A l’heure actuelle plus de 90 % des stations sont déjà équipées de ces équipements sécuritaires
  la modernisation de la station d’épuration de Plougastel, (à noter que les stations voisines de La Forest Landerneau, Daoulas, l’Hopital Camfrout et Landerneau ont été modernisées récemment ou sont en cours de travaux)
  la mise en œuvre d’une importante étude sur les réseaux unitaires
D’ici les toutes prochaines années, les rejets des différents polluants émergents (médicaments, hormones, perturbateurs endocriniens …) seront également pris en considération. Mais, n’oublions pas que la 1ère mesure est d’ordre préventif à savoir l’arrêt ou la restriction de commercialisation d’un certain nombre de ces molécules.
Autre particularité de la rade : l’importance des activités ostréicoles régulièrement affectées par des interdictions temporaires de commercialisation liées à des contaminations bactériologiques (comme les zones de baignades) ou encore par des toxines, produites par certains phytoplanctons qui se développent en rade, phénomène qui a tendance à s’accentuer.

Le point de vue de l’association PREVER
Proposer une qualité d’eau irréprochable est un enjeu majeur pour Brest Métropole et ses habitants car les Français en général sont de plus en plus exigeants vis-à-vis de la pollution, de la qualité des eaux de baignade etc …
Il est clair que nous parlons beaucoup plus de pollution qu’il y a quelques décennies. Non pas qu’il y en ait bien plus qu’auparavant mais par ce que collectivement nous sommes déterminés à lutter contre elle. Toutefois si la situation a globalement évolué favorablement avec le durcissement de la réglementation, il ne faut pas oublier que les collectivités devront encore continuer à investir massivement pour pouvoir répondre à ces diverses exigences sachant que l’origine des pollutions de la rade de Brest est relativement diversifiée.

Pour en savoir plus sur la qualité des eaux de baignade : http://www.francetvinfo.fr/decouverte/vacances/votre-plage-preferee-presente-t-elle-un-risque-pour-votre-sante-verifiez-avec-notre-moteur-de-recherche_2255535.html

• Escherichia coli ou E. coli : bactérie d’origine fécale généralement ; sa présence est un indicateur de pollution récente